[Les maisons] Un invité chez Matou...

En entrant, il pensait se trouver dans un hall très éclairé mais cette pénombre le surprit bien agréablement, ça avait son propre charme. Il ne put contrôler ses yeux qui tombèrent sur Matou : elle avait gardé une certaine part d'exotisme venant des ipodes. Cela le fit sourire encore plus ce qui le rendit un petit peu bête. Edmond laissa volontiers Maru l'aider en répondant mystérieusement

"Oh mais ce serait un honneur"

Il se tourna vers elle de manière à ce qu'elle ait plus facile pour prendre son manteau. Ceci fait, il enleva ses chaussures, suivant l'exemple de Maru, se souvenant du fait que les asiatiques se déchaussaient, au contraire des occidentaux, lorsqu'ils étaient dans une maison. Il les prit en main et les déposa avec soin dans un coin de façon à ce que ça ne gêne personne.

"Je n'ai eu que le privilège de rencontrer certains peintres, mais jamais de chanteuses jusqu'à ce jour. Me parlerez-vous de ce métier? Cela m'intéresse"

Dit-il avec un sérieux que l'on ne lui connaissait pas jusqu'à alors dans cette ville

Après avoir aidé Edmond à enlever son manteau, Matou alla fermer la lourde porte en bois tout en répondant.

"Mais volontier!"

Elle retourna vers Edmond et prit son bras, l'entraînant dans l'escalier de bois afin de monter au premier étage.

"Vous prendriez bien du thé? En bon Anglais qui se respecte..." fit-elle avec un nouveau clin d'oeil.

Le premier étage ne contenant en réalité qu'une seule très grande pièce dans laquelle on arrivait directement lorsqu'on arrivait en haut des escaliers. C'était un immense salon de plusieurs couleurs à la décoration un peu surchargée. La pièce était éclairée par plusieurs grandes fenêtres aux rideaux rouges, dont une porte-fenêtre qui donnait sur un balcon assez long. Au milieu de la pièce, il y avait un large canapé et des fauteuils en cuir qui semblaient plus que confortables. Ils étaient recouverts de tissus rouges et vert feuillage. Ce mobilier de salon entourait une table basse en bois sculpté à l'orientale. Le parquet en bois sombre était recouvert en de multiples endroits par de nombreux tapis verts et rouges qui se chevauchaient parfois. Les murs tout simplement peints de blanc étaient régulièrement couverts de tissus de grande qualité, toujours verts et rouges. Toute la pièce était parsemée par de nombreux meubles et bibelots asiatiques ou orientaux de toutes sortes. Quelques estampes et un immense éventail japonais ornaient les murs. Quand on arrivait en haut des escaliers, on sentait une très légère odeur d'encens.

En arrivant, Matou lâcha le bras d'Edmond pour se précipiter dans la pièce les bras grand ouverts en s'écriant :

"Mon gros Veinard! Maman est revenue!"

Soudain, une grosse boule de poils blanche sauta à travers la pièce et se retrouva, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, dans les bras de Matou. C'était un magnifique chat persan aux longs poils d'un blanc éclatant et aux grands yeux cyan. Fermant les yeux d'aise, Matou frotta sa joue contre celle du chat. Il était difficile de savoir qui, du chat ou de Matou, ronronnait le mieux...

Tout le surprenait depuis qu'il était avec Maru. Mais après tout c'était bien normal. Tout artiste est surprenant comme ses amis peintres. Il analysa le salon en se demandant s'il aurait eu assez d'imagination pour faire pareil.
Il se préparait à dire quelque chose quand Matou le lâcha et partit en courant vers une boule de poils qui avait bondi, en retour, vers elle.

"Un instant j'ai cru que vous étiez mère..."

Il fit un pas ou deux en avant mais ne s'assit pas, attendant que l'on lui donne l'autorisation de prendre ses aises. Par contre, il observa naïvement Matou et son chaton. Quelle scène mignone. Ah s'il avait un appareil foto, il aurait sans doute immortalisé ce moment très amusant.

"Comment s'appelle-t-il?"

Demanda Edmond après un instant, trouvant que le moment était bon pour couper leur retrouvailles

Mère... Elle aurait pu l'être avec son précédent métier. Mais ses moyens de contraception avait toujours été infaillibles. Mais, ça, c'était des choses que l'on ne disait pas à un gentleman.

"Un enfant? Il fausrait que je me case, d'abord. Et j'aime trop mon métier pour être mère si tôt."

Matou finit par lâcher son chat qui alla s'installer sur un fauteuil pour poursuivre son activité préféré : dormir.

"Vous pouvez vous assoir! Faîtes comme chez vous..." dit-elle tout en restant debout.
"Mmh... Comme je l'ai déjà dit, en fait, il s'appelle Veinard." ajouta-t-elle en montrant le chat persan d'un signe de tête. "J'ai toujours donné des noms bizarres à mes chats..."

Matou déposa le paquet de pâtisserie sur la table basse. Elle commençait déjà à avoir l'eau à la bouche en pensant à tous ces petits gâteaux...

Edmond s'installa dans un fauteuil plus que confortable en remontant légérement son pantalon pour éviter sa déformation aux genoux.

"Hum ça a l'air succulent...C'est mon casse-croute préféré avec du bon thé bien chaud"

Déjà il sentit son ventre se préparer à digerer toutes ces bonnes choses et sa salive monter à la bouche.

"Vivez-vous seule? Je veux dire, n'avez-vous pas de doméstiques?"

Demanda-t-il, un peu intrigué qu'une artiste, possédant un tel appartement et vivant dans le luxe, sert ses invités elle-même

Matou réapparut quelques minutes plus tard, un plateau entre les mains sur lequel était disposé une théillère japonaise ainsi que deux tasses de la même origine.
Matou était toute sourire, on pouvait facilement voir que cela lui faisait plaisir de recevoir dans son 'petit' chez elle.
Elle posa le plateau sur la table basse, à côté des gâteaux, et se mit à genoux sur un des tapis qui recouvrait le parquet. Elle prit la théillère à deux mains et servit le thé d'une façon très particulière. C'était ainsi qu'on le lui avait appris dans son école de geisha.

Elle ouvrit ensuite le carton de la pâtisserie. Elle prit l'une des deux tasses dans une main, un gâteau dans l'autre et s'installa dans un fauteuil.

"Bon appétit!" dit-elle, comme à elle-même, avant de mordre dans un éclair au chocolat.

Edmond alla se reinstaller dans son fauteuil et attendit qu'elle remplisse sa tasse de thé. Puis il la prit ainsi qu'un gateau et fit pareil que Matou.
Après un moment, il commenta

"Ce n'est pas mal du tout dites-moi..."

Il mordit encore une fois puis but une gorgée de thé. Il mâcha un bon instant et continua

"En tous cas, il faudra que je passe encore une fois chez la boulangère, mais ça va être comique car elle se rendra compte de la mascarade..."

Il lui fit un sourire et continua à manger. Le thé était différent de ce qu'il avait connu. Il en conclut que c'était du thé chinois ou japonais.

"Vous êtes de quel origine plus précisement?"

"Je suis japonaise." répondit Matou après avoir bu une gorgée de thé. "Il semblerait que mon grand-père était Hajime Saito, un grand samouraï."

Même si cela n'était pas sûr, Matou aimait beaucoup croire qu'elle descendait d'un des plus redoutables épéistes du Shinsengumi. Elle en parlait donc avec une certaine fierté. Et c'était grâce à ça qu'elle tenait tant à sa culture japonaise. Sans ça, elle l'aurait sans doute abandonné depuis longtemps, ce qui aurait été bien dommage.

"Et vous? Au vu de votre uniforme, je suppose que vous étiez dans l'aviation anglaise, mais Dantes, ça ce n'est pas un nom anglais..."

Hajime Saito? Il avait déjà entendu parler mais ne sut à quel propos et quand. De l'histoire du japon, il ne connaissait que les origines des empereurs Minamoto ainsi que quelques unes de leur guerres. Mais pour ne pas vexer Matou, il fit semblant de le connaître. Puis, heureux qu'ils changent de sujet, il répondit modestement, ne voulant pas dévoiler toute son identité d'un coup

"Oh...Mon père est espagnol..."

Il finit sa tasse de thé ainsi que son gateau. Il la remercia de sa bonté et de son accueil

"Vous avez été bonne avec moi. J'espère vous rendre la pareille et ce, quand vous le désirez"

Il remarqua les nuages qui s'ammassaient derrière la vitre de la maison. Edmond lui fit donc remarquer à regret

"Oh, il ne faudrait pas que je tarde, je devrai rentrer avant que l'orage ne débute"

Matou sourit. Même si elle était un peu déçu de le voir partir si tôt, elle n'allait pas non plus le retenir. Elle se leva donc.

"Et bien je vais donc vous raccompagner à l'entrée... Même si je doute que vous ne puissiez la retrouver." ajouta-t-elle en riant.
"Je viendrais volontier vous rendre visite. Mais pas ce soir. Je dois me préparer pour un concert spécial au St-James."

Ils descendirent dans le hall d'entrée. Matou prit le manteau d'Edmond pour l'aider à le remettre, comme une bonne hôtesse se doit de faire.

"Je passe devant chez vous pour vous prendre avec moi au concert?" demanda-t-elle en ouvrant la porte.

[La suite dans: Hotel Dantes]

Un instant il avait esperé qu'elle lui dise de rester encore un petit peu. Après tout ils n'avaient même pas discuté de son métier de chanteuse. Mais que faire? Il ne restait qu'à partir. Il remit ses chaussures et son manteau.

"Oui, ça serait aimable à vous"

Répondit-il. Il passa le seuil de la porte et fit un salut de la tête accompagné d'une phrase

"J'ai été enchanté de vous connaître chère Matou. A bientôt !"

Il tourna les talons et s'en alla un peu précipitamment car quelques goutes légères commençaient à tomber du ciel gris

[La suite dans: Hotel Dantes]