Appartement d'Andrea Lawkin et de Sandra Rolgger

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Toujours peints des mêmes couleurs que celles choisies par l'ancien locataire, les murs de cet appartement semblent très défraîchis. La peinture jaunâtre, qui devait autrefois être blanche, s'écaille ici et là, surtout dans la salle de bain et la cuisine. Outre ces deux pièces, il y a un miniscule salon dont les fenêtres donnent sur une des rues principales de Kanst et une chambre tout aussi petite qui ne peut contenir qu'un lit étroit et une ridicule commode.

Heureusement, cet endroit est très bien illuminé le jour grâce aux rayons du soleil qui entrent par les grandes fenêtres du salon et de la cuisine. Le soir, les pièces sont pour la plupart éclairées par de fortes lampes aux abat-jours en cône tronqué à la pointe. Malgré la taille minime de cet appartement, il reste tout de même très chaleureux puisqu'il est enjolivé par de jolis meubles et accessoires.

Les fenêtres du salon sont décorées de longs rideaux de coton d'un vert gazon qui s'agencent plutôt bien avec le tweed brun, beige et crème des fauteuils. Les murs sont cachés par des photographies de la famille des deux soeurs partageant cet appartement. Des meubles de bois recouvrent le plancher et sur le plus massif repose une petite télévision fonctionnant une fois sur deux.

La cuisine est, quand à elle, un peu moins attrayante, mais on s'y sent tout de même bien. Tout est, ou plutôt était, d'un blanc coquille d'oeuf, mais avec les années, cette couleur devint plutôt blanc cassé. L'ancien locataire devait fumer la cigarette puisque la pièce est encore imprégnée de la désagréable odeur du tabac.

La salle de bain reste l'endroit le plus propre de ce petit appartement, ce qui est plutôt surprenant. En effet, on a même l'impression qu'il a été récemment rénové malgré la peinture qui s'effrite des murs. Le bain sur pattes est d'un blanc étincelant et aucune trace de moisissure n'apparaît autour de la céramique entourant le bain. La cuvette de toilette est impeccable, ainsi que le lavabo encastré dans le comptoir. Seul le miroir est endommagé par une longue craquelure partant du bas et se terminant en haut complètement de la vitre.

La chambre est la pièce la plus banale de cet appartement. Meublé d'un seul lit et d'une simple commode, il n'y a pratiquement pas de place pour bouger lorsqu'on y est deux puisqu'un gros calorifère bloque une partie du chemin. Cette endroit ne peut servir qu'à dormir et changer de vêtements, mais n'est-ce pas le but premier d'une chambre?

Le trou noir du sommeil se dissipant, les paupières s'ouvrent peu à peu, la lumière se faisant dans les yeux clairs de la jeune femme. Quand elle se sent réveillée, Sandra s'assoit dans le lit où elle se trouve. C'est la chambre de sa demie soeur, qui l'a amenée ici hier soir. Elle était si transie de froid et fatiguée que ça lui semble flou et lointain. Silencieuse d'abord, elle observe la pièce lentement.

Dormir lui a fait du bien, mais elle se sent encore un peu fatiguée émotionnellement, elle doit encore expliquer ce qui s'est passé à Liverpool. Repenser à tout ça la rend mélancolique, c'est une situation étrange, tout s'est passé si vite. Et si elle avait fait une erreur ? Non, elle ne pouvait pas rester là bas.

L'odeur du café et du bacon la sortit de ses pensées. Elle se lève doucement, ré-enfile son pantalon et attache machinalement ses cheveux de sa barette verte. Sandra est partagée entre l'envie de retrouver sa grande soeur qui lui a tant manqué et la peur de raconter son histoire. Mais elle ouvre la porte et sort de sa chambre.