[Les rues et ruelles] Tard dans le noir

Il était environ 8h30 et une fine neige tombait sur Kanst à ce moment-là. Il devait faire environ -10°C, ce qui n'était pas très chaud, même en cette période-ci de l'année. Il régnait un silence de mort dans les rues, parfois brisé par une voiture qui roulait à toute vitesse et qui repartait comme elle était venue. Certains passants marchaient rapidement vers leur demeure pour se réchauffer le plus vite possible. Soudain, on entendit un brusque claquement de porte et des petits pas qui frottaient dans la neige. Une ombre se faufilait dans une ruelle et on pu reconnaître Sofia, une des enfants Botticelli.

La jeune femme marchait rapidement dans la ruelle, tête baissée et les bras croisés pour garder le plus de chaleur possible. Elle était vêtue d'un manteau à peine chaud et qui était trop court pour cacher ses longues jambes. Elle avait très froid puisqu'elle portait une jupe qui lui arrivait aux genoux. En sortant de chez elle, elle n'avait pas pensé au froid qu'il ferait dehors, elle fulminait trop.

La raison pour laquelle elle était sortit si précipitamment de chez elle était bien simple. Chaque année, les Botticelli retournaient en Italie pour voir le reste de la famille: oncles, tantes, grand-parents, cousins, cousines, et la liste était encore longue! Cependant, cette année, Sofia ne voulait pas s'y rendre car elle s'y ennuyait à en mourir. Cela avait surtout choquer son père, qui répétait sans cesse que « La famille, c'est tout ce qu'on a au monde! » Magdalena, la mère de Sofia, avait alors dit à Enrico, de sa voix douce habituelle, que si leur fille n'avait pas envie d'y aller, elle n'avait qu'à rester ici. Et s'en suivit une engueulade générale car, étant donné que Sofia aurait le droit de rester, Billy devait avoir le droit aussi, et Claudia autant. En ayant plus qu'assez de les entendre tout le temps se chamailler, la belle italienne de 19 ans avait décidé de sortir prendre l'air. Ça ne pouvait que lui faire du bien.

Elle avait décidé de se rendre à la boutique de ses parents lorsqu'un bruit derrière un conteneur à déchets attira son attention...

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Membre du gang Tiwold Nombre de messages : 5 Date d'inscription : 24/05/2006

En fait, c'était un pauvre chat qui cherchait de quoi à manger dans les poubelles du quartier. Il s'approcha de Sofia en miaulant pour la convaincre de lui donner quelque chose à se mettre sous la dent. Soudainement, le chat disparu et une ombre arriva en courant sur la jeune femme. Comme ça, dans le noir, il aurait pu faire peur à n'importe qui, mais lorsqu'on vit son visage, éclairé par la lumière d'une maison, on reconnut aussitôt Billy, un des frères aînés de Sofia. Il était descendu aussi rapidement qu'il le pouvait en voyant sa soeur quitter la maison en colère. Il avait tellement voulu aller vite qu'il en avait presque oublier son manteau. En s'approchant de sa soeur, essouflé, il soupira en disant:

- Fiou! J'ai eu peur de ne pas te retrouver... Tu sais que je n'aime pas que tu sortes dehors toute seule à des heures comme celle-ci. Et avec cette température!

Il la regardait avec un regard qui se voulait sévère, mais en fait on pouvait plus y voir de l'inquiétude. Il ne voulait pas qu'elle sorte tard le soir étant donné le quartier dans lequel ils vivaient. Les ruelles n'étaient pas sûres la nuit. En fait, elles ne l'étaient jamais...

Lorsqu'elle se rendit compte que le bruit qu'elle avait entendu près des poubelles était en fait celui d'un simple chat, Sofia se sentit des plus soulagées. Elle avait eu peur, pendant quelques instants, de voir surgir quelqu'un d'armé qui lui aurait voulu du mal. C'était arrivé quelque fois, étant donné qu'elle se tenait avec un des gangs connus de la ville. Bref, en voyant apparaître le petit chat, elle se pencha pour le flatter. Il se mit aussitôt à ronronner, et la regarda de ses petits yeux piteux qui la suppliaient de le nourrir. Elle fit un moue désolée et lui dit à voix basse:

- Désolée mon minou, je n'ai rien pour toi ce s...

Le chat s'était enfui à toutes jambes, réaction causé par une personne qui fonçait droit sur elle. Sofia fut paralysée sur le coup, et au moment où elle trouva la force de partir à courir, elle reconnut son frère Billy.

- AH!! Tu m'as tellement fait peur! J'ai le coeur qui va exploser! Non, mais de quoi j'me mêle. Tu vois, à force de vouloir me protéger, tu ne fais que me foutre la trouille. J'en ai marre à la fin. Et puis c'est de ta faute si j'suis partie de la maison, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué!

Elle lui tourna le dos et continua à marcher dans la direction où elle s'en allait avant qu'elle ne soit arrêtée par le chat affamé. Billy aurait beau dire quoique ce soit, elle s'en fichait. Elle avait besoin de dépomper, sinon elle lui sauterait au visage et lui reprocherait tout ce qu'elle avait accumulé depuis quelques mois.

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Billy soupira en voyant l'air qu'avait sa soeur. Il n'avait pas le tour avec elle, et puis elle était si imprévisible! On ne savait jamais comment agir avec elle. Il se mit à marcher derrière elle et, tout en marchant, continua de parler.

- Bon, d'accord... J'y suis pour quelque chose. Mais tu crois que tu m'as donné le choix. Tu crois vraiment que je vais m'amuser en Italie avec toi toute seule ici? Je me ferais du soucis pour toi, Fi..

Il tendit la main pour lui attraper le bras afin qu'elle le regarde. Il ne voulait pas qu'elle le déteste, il voulait seulement lui éviter des choses qui arrivaient si fréquemment aux jeunes femmes de son âge dans les temps qui courent. La fine neige qui tombait commença à devenir plus épaisse, et le vent soufflait plus fort tout d'un coup.

- Allez, rentrons. Il commence à faire froid, tu vas attraper un rhume.

Billy sourit à sa soeur d'une façon réconfortante, même s'il savait que ça ne pourrait la faire changer d'avis. Elle était trop tête de mule pour ça.

Tout en marchant, Sofia écoutait ce que son frère disait. Il ne comprenait pas qu'elle avait envie d'être seule parfois et qu'elle était assez grande pour subvenir à ses besoins durant quelques jours. Ce qu'il lui dit la fâcha au plus haut point. Elle se tourna vers lui et lui lança un regard empli de reproches.

- Tu y es pour quelque chose? Mais j'espère donc! Tu y es pour tout! La raison pour laquelle je n'veux pas aller en Italie ne concerne que toi! Je sais que rendue là-bas, tu vas surveiller mes moindres gestes car c'est ce que tu fais toujours! On dirait que tu vis rien que pour ça! Fais donc autre chose, occupe-toi de tes affaires et fous-moi la paix, un peu! Claudia et Gina ont bien plus besoin de toi que moi!

Elle se retourna brusquement et continua de marcher. En sentant la main de son frère sur son bras, elle se dégagea d'un coup sec et ajouta, sans se retourner cette fois:

- Retourne à la maison tout seul, je n'te suivrai pas, quoique tu puisses faire...

[La suite dans: Demeure des Caldes]

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Cette fois, Billy ne chercha pas à retenir sa soeur. Ce qu'elle venait de dire lui en avait bouché un coin, il ne savait plus du tout quoi ajouter. Et même s'il ne voulait pas se l'avouer, elle n'avait que trop raison. Leurs soeurs cadettes, Claudia et Gina, avaient bien plus besoin de lui que Sofia. Il observa donc sa soeur s'éloigner dans la sombre ruelle, sachant qu'il n'avait rien à faire pour la faire revenir à la maison tout de suite. Elle finirait bien par revenir toute seule, de toute manière, le temps de dépomper. Billy soupira puis retourna vers l'immeuble où il vivait avec toute sa famille, entassée dans un appartement trop petit pour loger autant de personnes...

Il ne voulait pas faire de peine à Sofia, mais il ne pouvait se dire qu'elle était en parfaite sécurité dans cette ville. Avec tout ce qu'on pouvait lire dans les journaux, il avait raison de s'inquiéter, mais la jeune fille ne semblait pas voir sa réaction sous cet angle. Tout en marchant, Billy recroisa le chat qui s'était enfui quelques minutes plus tôt. Il se pencha pour le flatter, bien que ce qu'il veuille ne soit pas vraiment de l'affection. Lorsque l'animal comprit que le jeune homme n'avait rien à lui donner, il déguerpit aussi vite qu'il était apparu. Billy entra alors dans l'immeuble, cherchant ce qu'il pourrait bien dire à ses parents pour ne pas qu'ils s'inquiètent de savoir leur fille errant seule dans Kanst, tard dans le noir...

[Topic terminé]