[Le Parc] Les mains dans les poches

James avançait d'un pas lent dans l'allée du parc de Kanst. Les boules de neige volaient, les enfants criaient et couraient dans tous les sens. Beaucoup d'adultes auraient apprécié ce spectacle, se seraient assis sur un banc et auraient souri en se rappellant leur propre enfance. Mais James n'était pas d'humeur à apprécier les joies de la vie ce jour-là.

La mine sombre, il se demandait comment il allait bien pouvoir se sortir de cette affaire-là. Il avait foncé dedans les yeux fermés, profitant du moment présent et ne pensant pas à son avenir. Si seulement son père ne lui avait pas proposé cette offre si alléchante en ce temps-là, il n'en serait pas arrivé à un tel point. Un point que certains pourraient appeller le "point de non-retour".

Au bout d'un moment, tout de même, le jeune Tiwold se décida à s'assoir sur un banc. Le visage à moitié dissimulé dans une écharpe noire aussi sombre que son esprit, il ferma les yeux et décida de réfléchir. Cela faisait maintenant presque seize ans qu'il mentait, à sa soeur et à lui-même. Seize ans qu'il lui dissimulait la vérité derrière de belles paroles et des promesses infondées et même pas tenues.

Il secoua la tête et posa ses coudes sur ses genoux. Il prit sa tête dans ses mains et retourna une nouvelle fois la situation. Comment pourrait-il bien s'en sortir, cette fois-ci ? Il devait avouer, tout dire, mais ce n'était pas si facile que ça. Mais il en avait assez de tous ces mensonges, toutes ces fausses idées, ces imaginations.

Quelques instants plus tard, James sentit qu'une ombre lui cachait le soleil : pas de doute, il y avait quelqu'un qui se tenait là, juste à côté de lui. Alors, il releva la tête, essayant de dissimuler sa mauvaise humeur. Il ne réussit pas immédiatement à voir de qui il s'agissait, car il avait le soleil dans les yeux. Il cligna des paupières et se leva.

*Pas besoin de compagnie maintenant, vous pouvez vous barrer, merci et adieu...*


[Déjà réservé, ne pas répondre, merci ]

Joshua sortit tôt du commissariat ce jour-là, car il avait très faim. Il passa donc dans le parc, pour aller manger chez Sparky, le restaurant qui détenait le record du meilleur rapport qualité/prix à Kanst et dans les environs.

Alors qu'il approchait à vue d'oeil de la délivrance de son estomac ( l'enseigne géante qui affichait fièrement " Sparky's " n'étant pas des plus discrètes, jauger de la proximité dudit restaurant était aisé à l'oeil entraîné ), le Capitaine remarqua un jeune homme qui semblait effondré sur son banc. Bien sûr, il avait très faim...Mais son instinct de bon samaritain prit le dessus. Et puis, éviter un suicidé ou un délinquant de plus facilement, on ne pouvait cracher dessus !

Il se rapprocha donc, doucement, avec tact, comme il le faisait toujours. Il observa attentivement le look savamment négligé de ce pauvre hère qui était là, la tête dans les mains, devant lui. Non, celui-ci ne rentrerait pas démoralisé chez lui.

Voyant que James l'avait repéré, Joshua se redressa un peu, occultant alors le soleil à son jeune vis-à-vis qui put admirer l'uniforme du Capitaine. Et aussi son sourire éclatant.

" Bonjour, mon ami ! Pourquoi êtes-vous si déprimé ? Enfin, je veux dire, vous semblez vraiment mal...Je peux vous aider ? "

La personne qui se trouvait devant James portait visiblement un uniforme, aux vues des boutons savamment alignés et des épaulettes bien décorées. Le jeune Tiwold maugréa très bas, de sorte que l'homme ne put l'entendre (du moins le coyait-il) et eut une moue d'agacement qu'il ne chercha pas à cacher. Toujours les coudes sur les genoux, James essaya d'imaginer qui pouvait bien porter un uniforme à Kanst. Evidemment, il y avait une réponse évidente, mais après tout, les portiers aussi en portaient !

Lorsqu'il releva la tête, le jeune homme était toujours ébloui par le soleil d'hiver qui perçait derrière l'individu. Lorsqu'il s'abrita les yeux avec une main, son regard fut attiré par un rai de lumière sur le torse de l'homme qui se trouvait en face de lui. Il regarda un peu plus précisemment, et alors il ne pouvait plus avoir de doute.

*Oh nan... C'est pas vrai, c'était déjà une assez mauvaise journée, c'était pas la peine de tomber sur ça !*

James se redressa de façon à avoir le dos contre le dossier du banc sur lequel il était assis, et observa silencieusement le policier. Un peu bidonné sur les bords, tout de même... Enfin, il avait l'air fin, avec son air d'auto-satisfaction et son ton joviale. En y pensant, c'était assez drôle de penser à la manière dont il réagirait s'il savait à qui il avait affaire au moment présent. Le fils du patron du gang Tiwold, tout de même... Une bonne pioche pour un policier, qui avait d'ailleurs l'air assez haut-gradé.

Enfin, le jeune homme n'avait pas à se soucier de ça, il n'avait jamais été fiché dans les dossiers de la police, grâce à son astucieux manège qui lui donnait un alibi pour tous les jours passés et tous les jours à venir concernant les affaires du gang à son paternel, de son gang.

Pour jouer le jeu, James prit un air désorienté, désespéré et surpris en même temps. Il regarda un peu autour de lui, les yeux vides, et planta alors ses yeux rouge sang dans ceux du policier. Il espérait que son air désabusé était assez convaiquant, et prit alors la parole, rajoutant un effet de style en bégaillant légèrement et faisant semblant d'hésiter à répondre :

"Je... Je suis un peu perdu il est vrai mais..." James avait parlé d'une voix assez faible, mais haussa alors un peu le ton : "Je... n'ai pas pour habitude de... de livrer mes déboires personnels..."