[Les maisons] Refuge...

Amanda déambulait dans la ville déserte au pas de course d’une ruelle à une autre en plein milieu de la nuit. Sans prendre le temps de reprendre son souffle, elle courait sans se retourner une seule fois...

Allant de coin sombre en coin sombre le plus vite et le plus silencieusement possible. Et c’est sûrement pour cette dernière raison qu’elle était pied nu. Ayant abandonnée quelques minutes plutôt ses chaussures sur le port.

Vous vous demandez ce que tout ça peut bien signifier ? Alors pour en connaître la raison, il ne vous reste plus qu’à suivre cette petite mésaventure dans ce qui suivra.

Après de nombreux détours, elle arriva enfin à la destination voulue...
Du même pas de course, elle monta les marches de l’immeuble devant lequel elle avait choisi d’entrée et poussa la lourde porte, pour se retrouver dans un petit hall. Dans ce hall se trouvait un escalier qu’elle entreprit de monter.

Depuis le début de sa course, jusqu’à maintenant, elle avait gardé sa main gauche sur son flanc droit, comme si elle avait un point de côté. Elle utilisa donc sa main droite pour l’aider à gravir les quelques marche qui la séparé du rez-de-chaussée au second étage.

Arrivée en haut, elle avait le souffle court et un léger vertige... Elle s’aida donc du mur pour avancer jusqu’à une porte, qu’elle connaissait pour être celle de son frère... Puis elle tapa deux fois dessus.

Et un troisième coup se fit entendre qui ne fut pas provoqué par sa main, mais par sa tête... Ses jambes fléchir et elle glissa le long de la porte. Elle ferma les yeux et prit une bouffée d’air avant de tournait son regard vers la main posé sur le côté droit de son ventre qui la lançait d’une douleur vive. Elle écarta sa main et la regarda avant de poser ses yeux sur l’entaille qu’elle avait dissimulée jusqu’ici...

* Et m##de, c'est que ça fait mal...Elle n’a pas l’air très profond,... Mais ça ne m’empêche pas de perdre du sang,... Normalement je devrais survivre,... En tout cas, s’il est là... *

Elle perdait du sang, et cette pensée pouvait être confirmé par la pâleur de son teint encore plus grande qu’à l’ordinaire. Elle rappliqua sa main sur la blessure et retourna ensuite son intention sur la porte.

* J’espère qu’il est là... *

Elle voulue lever sa main droite pour frapper encore une fois, mais elle la rabaissa presque immédiatement. Puis elle voulu se relever, mais en abandonna l’idée, avant même de l’exécuter...
Elle en avait déjà trop demandé à ses jambes qui avaient été suffisamment fortes pour l’amener jusqu’ici. Il lui fallait quelques minutes de pause et elle réessaierait une nouvelle fois, elle aurait peut-être plus de courage à ce moment...

Elle resta donc là, appuiée sur le côté à la porte, attendant une réponse, s’il pouvait y en avoir une...
Elle aurait bien appelé à haute voix, mais elle n’avait pas envie d’ameuter les voisins. Ce n’était vraiment pas nécessaire à son goût.

[A toi de jouer James...]

James faisait ses petites affaires dans son appartement. Il avait reçu les dernières nouvelles des agissements de son père par l'intermédiaire de l'un de ses amis, qui travaillait au compte du chef du gang Tiwold. On pouvait dire que c'était un agent-double, mais qui n'aurait pas hésité à se ranger du côté de James définitivement. Enfin, un homme sur qui on pouvait compter.

Il épluchait silencieusement tous ces papiers dans le salon de son habitat du deuxième étage. Quelques meurtres, des sabotages, des attaques surprises... Bref, la routine. Le jeune homme soupira, se coucha sur le canapé et ferma les yeux. Il se frotta le crâne, en pensant que toutes ces histoires étaient tout de même bien compliquées. Après tout, à quoi rimait tout cela ? Tous ces meurtres, ces poignards qu'ils se jetaient dans le dos, ces coups fourrés ? Ils n'auraient pas pu simplement vivre ensemble, sans aventures sans queue ni tête ?

Non. Ils ne pouvaient pas. Les Tiwolds devaient certainement être la proie d'une malédiction quelle qu'elle soit qui les empêcheraient de vivre normalement. Enfin, "normalement"... Si vivre à Kanst était normal, déjà. Une ville trop calme et banale pour l'être vraiment. Avec deux clans rivaux jusqu'à la mort et des autorités plus débiles que leur pied. Elles n'arrivaient même pas à attraper les nouveaux arrivés dans les gangs, les plus angoissés et les moins discrets...

Le jeune Tiwold fut sorti de ses pensées "philosophiques" par des coups de poing à la porte. James se leva, soupira et regarda au-dehors. Qui pouvait bien vouloir lui parler à cette heure-ci ? Il se dirigea lentement vers la porte de son appartement. Il aurait préféré rester seul, calme et silencieux, pour une fois. Il entendit trois coups. Le dernier semblait plus brutal. James fut intrigué. Qui cela pouvait-il bien être ?

Il arriva enfin à la porte et l'entr-ouvrit. Il ne vit alors personne. Jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il y avait quelque chose, ou plutôt quelqu'un, là, par-terre, juste devant sa porte, sur son palier. Il reconnut immédiatement cette silhouette. Il se jeta à terre, et plaqua ses mains sur les deux joues d'Amanda. Il la regardait d'un air inquiet. Elle était consciente. C'était déjà ça. Il regarda ensuite son corps. Elle était blessée, et pas superficiellement.

"Amy... Qu'est-ce que t'as encore fait, p'tite soeur..."

James avait plutôt pensé à haute voix que parlé. Il prit Amanda dans ses bras et l'emmena dans son appartement. Il ferma la porte d'un coup de pied et allongea sa soeur sur le canapé où il était allongé quelques instants auparavant. Il se dirigea immédiatement vers sa salle de bain et sortit quelques bandages, pansements, tout ce qui pouvait bien lui servir pour soigner sa soeur, un tant soit peu.

Il s'affaira sans broncher à sa tâche, faisant bien attention à chacun de ses gestes et faisant du mieux qu'il put. Au bout d'un moment, il avai pansé toutes les plaies d'Amanda avec ses bandages et ses chiffons. Il se leva, recula, regarda sa soeur un moment et s'assit sur un fauteuil juste à côté du canapé. Il tendit le bras et caressa tendrement les cheveux de sa petit soeur, tout en la regardant et en se demandant ce qu'elle avait encore bien pu faire.

"Soeurette... Qui t'as fait ça ? Si c'est à cause de Papa, dis-le moi tout de suite."

C'était un de ses sujets à propos desquels James ne rigolait pas : sa soeur, sa protection et l'influence de son père sur Amanda. Il ne pouvait pas supporter qu'il l'envoie faire son sale boulot à sa place, et que pour ça elle se fasse écharper comme elle l'était.

La porte s’ouvrit enfin et son frère apparu dans son champ de vision, quand celui-ci, lui prit la tête dans ces deux mains. Elle l’avait regardé dans les yeux et lui avait fait un faible sourire, soulagé par cette présence qu’elle aimait tant...

Puis, James l’avait porté et soigné sur le divan de son appartement, et elle pendant ce temps, ne disait rien et ne bougé pas pour ne pas le gêner. Elle le regardait simplement faire.

Et quand son frère eut fini et s’assit sur un fauteuil tout proche, lui passant une main dans ses cheveux, qui avait été défait pendant sa course. Elle ferma les yeux un instant, profitant intérieurement de cette pause méritée.
Car elle savait qu’à, un moment ou à un autre, il lui demanderait ce qui c’était passé. Et cette question, ne se fit pas tarder...

Elle réouvrit alors les yeux suite à l’interrogation de son frère, puis, elle se redressa comme elle put dans des mouvements lents, mais sûr.

" Non... Ce n’est pas lui qui est la cause de ce petit désagrément... Il ne faut pas toujours lui mettre tout sur le dos. "

Elle connaissant les divergences qu’il y avait entre eux, mais elle n’avait jamais put prendre parti pour l’un ou l’autre. Elle les aimant tous les deux... De manières différentes, bien sûr, mais ce ne serait pas elle qui allait envenimer les choses, surtout quand il n’y avait rien à dire. Son père n’y était pour rien si elle avait échoué cette fois, cela arrive, même au meilleur. Et elle n'en faisait pas encore partie...

Elle tourna un instant son regard sur sa robe, qui avait souffert du coup qu’elle avait reçu et du fait de l’avoir déchiré davantage pour pouvoir la soigner correctement. Puis elle ajouta en ramenant son visage en direction de James.

" Avant de te raconter toute l’histoire, pourrais-je avoir quelque chose de plus... disons correcte à me mettre sur le dos. "

Sans attendre la réponse de son frère, elle commença à retirer sa robe comme elle le put. Petit à petit, avec des gestes lents pour éviter de tirer sur sa plaie encore fraîche. Elle avait mal malgré les précautions qu’elle prenait, et elle sentait que ses muscles étaient faibles et ne lui demandé qu’un chose, de se reposer. Mais elle ne se sentait vraiment pas à laisse dans cette tenue en lambeau et il fallait qu'elle en change. Même si son frère ne pouvait lui offrit qu'une chemise, cela lui suffirait largement.

De plus, cela, ne la gênée nullement de retirer ses vêtements devant lui, il était frère et sœur de toute façon. Alors, il n’y avait donc rien d’étrange à cette situation, même si la dernière fois remonte à bien des années. Quand il était encore bien jeune...

James soupira. Evidemment. Elle n'allait pas dénoncer son père comme cela, aussi ouvertement. Mais c'était sûrement de sa faute. Le jeune homme en restait persuadé. C'était lui qui lui avait dit d'aller faire cette mission, plus dangereuse que les autres, et qui l'avait laissé ainsi. Il ne le connaissait que trop bien. Ou du moins, il pensait bien le connaître. C'était parfois bien le contraire, mais James en restait tout de même sûr : son père était un inconscient qui n'hésitait pas à sacrifier ses enfants pour ses petites affaires.

Le jeune Tiwold savait qu'il avait toujours tendance à remettre la faute sur le dos de son paternel. Il ne pouvait pas s'en empêcher. Il gardait un souvenir encore trop amer dans leur affrontement pour pouvoir lui pardonner quelque chose, que ce soit sa longue cicatrice dans le dos ou d'avoir engager Amanda dans ses rangs, malgré les vives protestations de James. Son père avait prétexté ne rien pouvoir refuser à sa petite fille chérie. Tu parles ! Il était prêt à tout pour qu'elle prenne place à côté de lui et qu'il lui donne le sale boulot...

Telle était la vision des choses de James. C'était naturellement sa version personnelle, et elle changeait selon lui, Amanda, son père, tout le monde... Il se savait têtu, mais il l'était plus que tout lorsqu'on parlait de son père. James soupira et se leva. Il s'étira et se dirigea vers sa chambre. Il ouvrit son armoire et sortir quelques vêtements en vitesse : un jean, un tee-shirt et des chaussettes propres. Il les prit sur le bras et revint peu de temps après dans le salon. Il les jeta négligeamment sur le canapé, devant sa soeur à moitié nue.

Il se laissa tomber sur le même fauteuil où il était quelques instants plus tôt et se frotta les tempes avec sa main droite. Il regarda silencieusement sa soeur s'habiller. Qu'est-ce qu'elle avait changé, depuis leur enfance... Il se rappellait les moments joyeux passés à jouer au chat et à la souris, à savoir celui qui tiendrait le plus longtemps sur un seul pied... Jusqu'à ce que leur père dérape. Jusqu'à ce que leur mère mourut. Elle lui manquait tant... Elle, elle aurait su comment ressouder la famille. Mais elle n'était plus là.

Amy finit de s'habiller et James la regardait toujours. Oui, elle avait bien changé. Elle avait grandit, mincit, embellit. Elle s'était efféminée, et ces vêtements modestes faisaient presque figure de torchons sur son corps si gracieux. Le jeune homme leva les yeux et croisa le regard de sa soeur. Ils sourirent immédiatemment. Mais oui, c'était encore bien son Amy.

"Alors, tu vas me dire quel sale boulot t'as filé papa aujourd'hui ?"

Il ne voulait pas lâcher prise. Il l'aurait, de toutes façons. Elle n'aurait pas agi de sa propre initiative. Ou du moins, il l'espérait. Sinon, il sentait qu'il n'aurait pas su quoi répondre. Amanda, qu'il avait toujours connu dépendante de lui et de son père, se débrouiller seule ? Evidemment, elle le pouvait, et elle le faisait, mais aux yeux de James, c'était encore sa petite Amy, si innocente, si douce, si fragile...

Ayant retiré sa robe déchiquetée, elle commença à enfiler le pantalon que son frère lui avait ramené, sans le fermer pour ne pas appuyer sur la plaie encore vive... Puis elle passa le tee-short sur elle, et releva ses cheveux pour les sortir du col. Ce fut à ce moment que leur regard c’était croisé et qu’ils s’étaient souris. Le genre de sourire qu’elle ne pouvait faire qu’en présence de son frère. Car la plupart du temps, elle n’était pas une personne considérée comme très souriante ou de tempérament joyeux...

Puis, James reposa sa question, mais il fallait si attendre venant de sa part... Et elle s’y était attendue.
Son sourire s’effaça et elle reposa son dos contre le dossier du canapé, sa tête retombant en arrière, lui dirigeant le regard vers le plafond. Elle resta un instant comme cela, silencieuse, avant de relever la tête et de regarder à nouveau son frère.

" Bien, commençons puisque je ne peux pas y couper... "

Elle savait qu’elle lui aurait raconté même s’il ne lui avait rien demandé, mais peut-être pas tout de suite...
Elle avait maintenant un compte à régler personnellement et elle ne voulait pas que James soit impliqué, mais elle ne pouvait faire autrement que de tout lui dire. Elle était incapable ne serait-ce que de lui cachait la vérité ou de lui mentir. Et elle savait qu’il ne la lâcherait pas tant qu’elle n’aurait pas déballé toute son histoire. Elle entama alors son récit...

" Comme la plupart du temps, je suis chargé d’aller récupérer une cargaison d’alcool... J’étais donc partie pour aller les chercher sur le port, accompagné de deux hommes de main, que notre père avait choisi pour y aller avec moi.
Mais arrivé sur place, il y a eut quelque complication... "

Elle reprit son souffle une seconde et continua.

" Le gang de Caldes nous avait tendu une embuscade et mes deux coéquipiers de la soirée furent chacun tuer d’une balle bien placée.
Quant à moi, j’ai eux le droit à un petit entretien privé avec celui qui se fait appeler le ‘Rat’... "

Le ‘Rat’ étant connu pour être un maniaque du couteau.

" Et on va dire, qu’il s’est amusé à suivre les lignes de mon corps avec son jouet... "

Elle n’allait quand même pas lui décrire le chemin exact qu’il avait fait sur le long des courbes de son corps.

" Puis à un moment, un des gars qui était avec lui, l’a appelé. J’ai profité de cette diversion pour essayer de le repousser et m’enfuir, mais mon geste fut maladroit et son couteau se planta dans mon ventre. Tout se passa alors assez vite, sans réfléchir plus longtemps et d’instinct, je l’ai poussé et il est tombé au sol, retirant du même coup le poignard. Profitant de la situation, je me suis mise à courir, zigzagant entre les nombreuses caisses qui repose sur les quais.
Les coups de feu n’ont pas tardé à retentir et la poursuite commença. Mes chaussures faisant trop de bruit sur le sol, leur indiqué trop facilement mais déplacement et je dus donc les abandonner. Je les aie ensuite semés dans le dédale de petites ruelles que comporte notre ville et me voilà ici... "

Elle s’étira légèrement les bras et elle se leva d’un pas maladroit pour ce diriger vers la porte.

" J’espère avoir répondu correctement à ta question... Je crois que je vais maintenant te laisser... "

Elle ne voulait pas faire attention à la douleur qui continuait de la lancer. Avançant d’une démarche maladroite, beaucoup moins droite et sûr qu’à l’ordinaire...

Elle ne voulait pas rester chez son frère plus longtemps, et cela pas parce qu’elle n’aimait pas être ici. Mais plutôt qu’elle avait peur pour lui. Elle avait peut-être réussi à échapper à ses poursuivants, mais elle ne voulait pas qu’un indicateur les amène jusqu’ici. Même si les chances étaient presque nul. À l’heure qu’il était, il avait sûrement abandonné, croyant qu’elle était retournée au quartier général du gang Tiwold.

James ne lâcha pas Amanda des yeux pendant qu'elle lui expliquait sa "petite" mésaventure... C'était bien ce qu'il avait deviné : une affaire que son père lui avait dit de régler. Encore une cargaison d'alcool. James détestait lorsque leur paternel chargeait sa soeur de telles missions. La prennait-il pour sa chienne ? Il se frotta le crâne et réfléchit. Cela faisait longtemps qu'il avait eu une vraie nuit de sommeil, et il fallait dire que cela se voyait énormément.

Il soupira et regarda encore sa petite soeur. Il se faisait du sang d'encre pour elle, et elle faisait visiblement comme si de rien n'était. Elle arrivait chez lui à une heure inhabituelle, les vêtements déchirés, épuisée et blessée, et elle ne lui demandait que des habits de rechange. Elle lui annonçait que les deux gardes du corps qui l'accompagnaient s'étaient fait descendre, qu'elle avait failli mourir et elle voulait repartir de suite ? Mais non, c'était un peu trop en peu de temps, là.

"Attends attends, Amy. Tu crois pas que je vais te laisser partir dans cet état-là ? Reste chez moi quelques temps. Le temps de te reposer et de reprendre des forces."

Il se leva et lui attrapa le bras. Il la rapprocha vers lui et la serra fort contre sa poitrine. Pour une fois qu'elle avait du temps, elle pouvait bien rester un peu. Pour une fois qu'ils se voyaient... Elle était souvent trop occupée par les affaires du père, et James était lui aussi souvent à fond dans ses affaires, cherchant toutes les ruses possibles pour mettre des bâtons dans les roues de son père.

"S'il te plaît, reste un peu..."

Il savait qu'elle n'allait pas être facile à manipuler, sauf si elle était vraiment fatiguée. Mais de toutes façons, elle resterait. Enfin, James l'espérait. Elle allait voir tous les plans qu'il élaborait en ce moment, mais il savait qu'elle ne dévoilerait rien. Et puis, il avait confiance en elle, de toutes façons.

*Elle ne me trahira pas. Jamais.*

Toujours en la tenant par le bras, le jeune garçon ramena sa soeur dans le salon. Elle s'était avancée plus tôt vers la porte d'entrée (ou de sortie, dans ce cas), mais il savait qu'elle allait rester. Peut-être pas toute la nuit, mais un peu de temps. Il avait envie de parler, de lui parler, ou même juste de la voir. Sa vision le réconfortait. Elle lui rappellait sa mère, la promesse qu'il lui avait faite.

Celle pour laquelle il ferait tout.

Elle s’était attendue à ce que son frère la retienne, mais il fallait mieux qu’elle parte et s‘éloigne d‘ici. Car avec ses diverses histoires, elle finissait toujours à mettre les membres de sa famille en danger... En tout cas, c’est ce qu’elle ressentait à chaque fois.
Elle pensait parfois à ne rien leur dire et de les éviter, afin qu‘ils ne subissent pas ses fautes. Mais le fait d’être avec eux, lui faisait du bien et lui redonné des forces. C’était plus fort qu’elle...

Et quand son frère la rattrapa par le bras, pour la retenir et la serrer contre lui, elle ne put s’empêcher de verser quelques larmes. La fatigue lui empêchant de se retenir plus longtemps. Ce contact, la réconforter et l’apaisé, à cet instant, elle aurait aimé rester des heures ainsi, mais elle ne le pouvait pas... ou plutôt, elle se refusait à cette pause que James lui proposait, même si elle appréciait cette proposition.

" N... Non, je... ne... peux pas... "

Ces quelques mots lui semblèrent durs à dire, mais elle les dit. Ses yeux s’étant détournés de James pour regarder dans le vide de la pièce...

Elle était consciente, qu’il fallait qu’elle prenne du repos, mais ne serait-elle pas un poids pour son frère en restant quelques jours, le temps qu’elle reprenne des forces...
Et puis, elle avait une affaire personnelle à régler... Mais en y repensant, elle ne pouvait y arriver dans cet état...
Et de plus, elle n’avait aucune affaire à elle ici, aucune affaire de rechange, ou autre...

Elle ne faisait en faite, qu’essayer de se trouver des excuses pour ne pas rester ici, même si elle en avait envie et ainsi profiter de quelques jours de pause auprès de son frère.

Elle avait dit qu’elle ne voulait pas rester, mais sans mot dire, elle suivit James qui la ramener, tenant toujours son bras, vers le salon. Elle le laissait, la guider facilement, sans la moindre réticence de sa part. Car elle avait toujours la volonté de lutter, mais pas son corps, qui lui, ne pouvait pas...

Alors, se dégageant de la prise de son frère, elle le poussa légèrement pour qu’il retombe sur le canapé, et elle, s’avança pour s’asseoir à ses côtés. Puis elle se tourna, pour s’allonger sur le canapé, de façon à ce que sa tête repose sur les jambes de son frère, ses propres jambes retombant de l’autre côté de l’accoudoir...

Elle rapporte sa main droite sur sa blessure, car celle-ci la titillé, puis elle prit à nouveau la parole.

" En bien, voyons voir combien de temps tu pourras me supporter... "

Elle avait fini par cette phrase, en pensant qu’elle n’allait sûrement pas rester longtemps... Mais elle n’en savait strictement rien pour dire toute la vérité.

James amena sa soeur dans le salon. Celle-ci le poussa doucement, et il se laissa tomber sur le canapé. Elle se coucha elle aussi sur le canapé, la tête sur les jambes de son frère. Il sourit, posa sa tête contre le haut du canapé et ferma les yeux. Tout en caressant d'une main les cheveux d'Amanda, il écoutait attentivement ce qu'elle lui disait. Alors comme ça, elle croyait qu'il ne la supporterait pas ? Mais si. Elle savait bien qu'il l'adorait et qu'il ferait tout pour l'avoir tout le temps à ses côtés...

"Oh, mais tu sais très bien p'tite soeur, qu'au jeu du plus chiant, c'est moi le plus fort..."

Joignant le geste à la parole, il chatouilla légèrement les côtes de sa soeur, mais seulement un instant. Il laissa retomber son bras et ouvrit les yeux. Il regarda sa soeur, son visage fin, sa silhouette svelte, ses belles jambes... Oh oui, il l'aimait plus que tout. Lui-même n'avait jamais eu d'histoire d'amour sérieuse, et n'en avait d'ailleurs jamais ressenti le besoin. Mais depuis l'"aventure" de sa soeur, il aimait prendre encore plus besoin d'elle. Peut-être pour la consoler, même s'il n'y en avait pas l'extrême besoin...

Enfin, en la regardant comme ça, si jolie et fragile, James pensa à la promesse qu'il avait fait à sa mère, plusieurs années auparavant. Comme si elle s'était douté que quelque chose allait lui avouer. Et cette promesse n'avait fait que consolider encore plus les liens entre James et sa soeur. Il lui avait déjà beaucoup parlé de cette fameuse promesse. C'était un sujet qui lui tenait beaucoup à coeur, et il fallait avouer qu'il aimait parler de sa mère avec sa soeur, même si cette dernière n'appréciait pas toujours.

*Elle est quand même bien fragile. Il suffit que je la laisse quelques jours, et voilà dans quel état elle revient...*

"Ah... Tu te rappelles quand tu n'étais pas encore aux côtés de papa ? On s'amusait bien, en ce temps-là... Rien ni personne ne nous séparait..."

*Et c'est là qu'il a mis son grain de sel...*

James soupira et continua à caresser doucement les cheveux de sa soeur. Il savait que c'était elle qui s'était rangée du côté de leur paternel, mais il ne pouvait et ne voulais pas lui en vouloir à elle...

S’il voulait qu’elle reste, il s’y employait d’une bien mauvaise manière. Il ne ferait mieux pas de la chatouiller, mais il ne le fit pas longtemps. Il avait gagné cette manche...
Mais simplement, parce qu’elle ne s’était pas défendue, de peur de rouvrir sa blessure. Elle ne s’avouait pas vécut aussi facilement... Une véritable gamine.

Elle se posait souvent la question... Comme ne pouvait-elle pas se comporter avec James, comme avec toute autre personne qu’elle pouvait croiser sur sa route. Elle était incapable d’être froide et distante avec lui, cela lui était tout simplement impossible. Elle se sentait si bien en sa présence, qu’elle ne pouvait pas être dure envers lui.

Puis, James se mit à parler du temps, où elle n’avait pas encore rejoint leur père dans ses affaires... Oui, elle s’en souvenait... Cela ne remontait pas à si longtemps en fait, un peu plus d’un an, si elle ne se trompait pas.
C’était bien, même très bien, cette époque. Mais maintenant qu’elle voyait moins souvent son frère... À chaque fois qu’elle pouvait le revoir, elle en éprouvait toujours davantage de plaisir. Et cela, même si elle ne le montrait pas entièrement.

Mais la fin de la phrase, lui rappela le souvenir du jour où elle avait choisi de faire partie du gang. Le jour où elle commis aussi son premier et seul meurtre...
Un meurtre qu’elle n’avait jamais regretté et qui ne lavait jamais hantée. En fin de compte, elle se demandait si elle avait réellement été amoureuse de cet homme…

Puis elle répondit enfin à son frère après un instant de silence. Elle le regardait de sa position allongée, son regard, posait sur le doux visage de son frère, tout en esquissant un sourire.

" Oui, je m’en rappelle... Mais même avant ça, on commençait à se voir moins souvent... "

Puis d’une voix plus légère, presque dans un murmure, elle finit.

" Depuis que je voyais Joe... "

Maintenant qu’elle y repense, elle aurait préféré rester auprès de son frère plutôt que de cet homme qui l’avait dupée depuis le début sans qu’elle ne s'en rende compte.

James savait lui, comment cette histoire c’était terminé, elle le lui avait révélé, que c’était elle qui l’avait tué.
Une chose qu’elle n’avait jamais dite à leur père, qui c’était inventé sa propre histoire sur ce meurtre. Il n’avait jamais su que c’était elle qui avait tué son fiancé de sang froid et elle n’avait pas l’intention de le lui dire.

James soupira, tourna la tête pour regarder sa petite soeur et sourit tout de même. Il lui prit la main, en signe de soutien. Il savait qu'elle n'était pas traumatisée par cette histoire, loin de là. N'empêche qu'elle avait tout de même connu une petite période où elle ne faisait que broyer du noir, se demandant si elle avait vraiment bien agi. Mais à présent, elle ne se posait pas de question. Elle l'avait tué, il l'avait trompé, point final.

James avait longuement réfléchi et pensait que c'était bien comme cela : elle ferait plus attention maintenant, avant de se lancer dans une aventure avec un homme qu'elle connaissait depuis peu de temps. Ce n'était pas le genre de James d'avoir des relations de ce genre, et il préférait que cela soit de même pour sa petite soeur. Certes, ce comportement fait limite égoïste, mais il préférait avoir Amy sous les yeux aussi longtemps que possible... Malgré ce qu'elle pouvait dire, elle était encore jeune, trop jeune pour les histoires dans lesquelles elle mettait son grain de sel.

"Ne fais pas une fixation sur cette histoire, Amy. Je sais que c'est du passé pour toi, mais tout de même... Et puis, tous les hommes ne sont pas comme lui..."

Le jeune Tiwold s'étonnait lui-même. Lui, il disait clairement à sa petite soeur chérie de ne pas toujours rejeter les hommes ? Vraiment, il ne devait pas être dans son état normal ! Enfin... C'était plutôt qu'elle l'inquiétait. Encore, lorsqu'elle était avec Joe, elle s'occupait. A présent, ses seuls hobbies sont de courir à tous les coins de la ville pour monsieur Tiwold. Lui, vraiment, il ne faisait que lever le petit doigt et tout le monde était à ses pieds. Que lui arriverait-il si tout son petit empire s'écroulait soudain ? Il reprendrait conscience que d'envoyer sa seule fille chercher de la camelote au port avec deux gars baraqués mais débiles, ce n'est vraiment pas une chose décente pour un père... normal.

"Et qu'est-ce que tu comptes faire, maintenant ?"

James regardait toujours sa petite soeur, son visage, ses yeux... Elle lui rappellait tellement sa mère ! Le portrait était flagrant. Depuis qu'elle avait grandi et mûri, elle s'était embelli et ressemblait à présent presque totalement à leur mère. Mais leur père ne devait certainement pas s'en être rendu compte. Toujours occupé dans ses affaires, jamais un moment pour ses enfants. Il disait souvent qu'il avait à présent l'habitude de recevoir sa soeur, blessée, envoyée par son père pour une de ses affaires quelconques. Mais c'était évidemment "légèrement" exagéré...

*Le meilleur pour elle serait de se ranger de côté. De ne pas travailler ni pour notre père, ni pour moi. Elle serait neutre et sans problème. Sans problème direct, du moins.*

Malgré ce qu'il pensait, James n'avait jamais réussi à convaincre sa soeur d'arrêter de travailler pour le gang Tiwold. Mais elle lui avait toujours tenu tête. C'était une des seules personnes qui osait et qui avait tenu tête à James, et une des seules personnes à qui celui-ci tenait vraiment...

Quand James lui prit la main, elle l’accepta, croisant ses propres doigts et ceux de son frère...
Ce n’était pas un soutient qu’elle recherchait dans cette prise de mains, elle l’avait déjà eu et n’en avait plus besoin. Mais c’était un contact agréable.

Il est vrai, qu’elle n’a plus connu de vraie relation après cet épisode, mais elle n’en éprouvait pas le besoin non plus. Elle était satisfaite de sa situation, les simples flirtent ou aventures lui suffisaient pour le moment. Elle ne ressentait aucun manque de ce côté affectif.

" Loin de là, l’idée de faire une fixation... Mais c’est toi qui as commencé en disant que rien ni personne ne nous séparé avant que je rejoigne notre père.
Je rappelais simplement que nous commencions déjà à nous voir moins souvent avant cela, c’est tout... "

Et puis, plus pour le taquiner que pour autre chose, elle ajouta dans un sourire:

" Je sais que tous les hommes ne lui ressemble pas, la preuve est même devant moi... Un jeune homme irréprochable, qui s’appelle James et qui est aussi mon frère...
Es-ce que je me trompe ? "

Mais elle ne tarda pas à se taire après la question de son frère. Qu’allait-elle faire ? Ne l’avait-il pas deviné ? Non peut-être pas. Mais devrait-elle le lui dire ou non ? Elle hésitait à lui répondre et cela se vit facilement, car elle ne mit pas longtemps à perdre son sourire, si rayonnant, il y avait encore quelques secondes.
Elle ne pouvait pas lui mentir, cela elle le savait, mais ne ferait-elle pas mieux de ne rien dire ? Il risquerait de s’inquiété encore davantage, et elle ne le voulait pas...
Mais elle finit par lui répondre en ces termes:

" Maintenant, je vais récupérer, et après,... j’ai une affaire personnelle à régler... "

Elle n’en ajouta pas plus. Elle ne voulait pas lui dire quelle était cette affaire personnelle. Car comment pouvait-elle lui expliquer, qu’elle avait dans l’intention, de pourchasser le ‘Rat’ est de lui faire payer ce qu’il lui avait fait.
Oui, elle était rancunière, et elle n’allait pas oublier aussi facilement cette histoire. Dorénavant c’était une affaire en lui et elle...

James pencha la tête d'un côté et eu une petite moue. Oui, il avait commencé à parler d'"avant", mais c'était bien elle qui avait débuté à propos de son ex-compagnon. Mais bon, bref, ils n'allaient pas en faire tout un fromage. Il était mort, et c'était beaucoup mieux comme cela. James sourit lorsque sa petite soeur le taquina très gentillement. Alors comme ça, pour elle, il était un homme irréprochable ? Il fallait dire qu'il faisait le mieux possible devant elle, pour qu'elle ait une bonne image de son frère et surtout qu'il ne la déçoive pas.

Il lui cachait quelques "petites" choses, c'est sûr. Mais il n'allait pas jusqu'à l'empêcher d'entrer chez lui, à cause de ses affaires personnelles exposées en plein jour, sur la table du salon. Non. Enfin. Il secoua la tête et sourit. Ses cheveux couleur violet volèrent autour de lui. Il les repoussa d'une main et soupira. Ils étaient bien, là, tous les deux, sans personne pour les réprimander ou les séparer... Il aurait bien voulu que ce moment dur encore un bout de temps.

"Non non, tu as tout à fait raison, Amy..."

Il parlait d'une voix de moins en moins forte, mais essayait d'être le plus convaincant possible. Il n'aimait pas mentir à sa soeur, mais il ne lui mentait pas tant que ça, finalement. Lui-même ne se qualifiait pas d'irréprochable, pas du tout même, mais sa soeur était tellement sûre d'elle... La tromper lui aurait fait mal au coeur, au moins autant qu'à elle.

" Maintenant, je vais récupérer, et après,... j’ai une affaire personnelle à régler... "

James eut une petite moue de tracas. Une affaire personnelle, hein ? Bien sûr. Lorsqu'elle ne lui disait pas ce qu'elle allait faire, ce n'était souvent pas un bon signe. Il repensa à ce qu'elle avait vécu plus tôt dans la journée. Elle voulait sûrement se venger. Il ne dit cependant rien. A présent, il pensait qu'elle devait avoir sa part de responsabilité. Il la laissait vivre, jusqu'à ce qu'elle s'approche trop des limites décentes pour une jeune femme de son âge. Il n'oubliait pas la promesse de sa mère et comptait bien protéger sa soeur le plus longtemps possible. Et pour cela, il devait aussi être sûr qu'elle puisse se défendre seule.

"Je ne vais pas t'empêcher de partir. Mais saches juste que je ne serais pas toujours là pour toi, Amy. Bien sûr, je le voudrais bien, mais je n'ai pas trop le choix. Et puis..."

James paraissait légèrement perturbé. Il hésitait sur ce qu'il devait dire à sa soeur, comme elle avait aussi eu l'air de le faire auparavant. Mais il savait qu'il ne devait pas trop en dire, pour ne pas lui apporter ses problèmes. Elle en avait déjà assez comme ça, il ne devait pas lui en donner d'autres en plus.

"Je risque de partir quelques temps. Pour... me reposer. Il s'est passé des choses... dérangeantes, ces temps-ci."

Quand elle remarqua la moue de James, elle commença à ce demander si elle n’en avait pas trop dit...
Oh, et puis c’était dit, elle n’allait pas revenir en arrière pour une simple phrase sans importance. Le penser telle réellement que cette phrase était sans importance. Non, pas tant que ça, car elle sous-entendait sa vengeance, une vengeance, qui, venant d‘elle, ne serait pas forcement des plus douce.

Mais après tout, à qui la faute... S’il ne s’était rien passé, elle n’aurait pas à ce moment, cet esprit rancunier en elle. Ce moins que rien de ‘Rat’ n’aurait jamais dû lui laisser la possibilité de s’échapper, ils auraient dû l’abattre, comme ils avaient abattu ses de compagnon d’infortune de la soirée.
Il faudrait d‘ailleurs, si elle en avait l‘occasion, lui demander pourquoi, pourquoi il ne l’avait pas tué tout de suite.

Puis son frère reprit enfin la parole. Bien sûr, elle savait qu’il ne pouvait pas toujours être là pour elle. Il avait sa vie, autant qu’elle avait la sienne. Mais vers la fin, il paraissait plus hésitant, lui mentirait-il ou lui cacherait-il quelque chose ? Ça en avait bien l’air, mais s’il ne voulait rien dire, elle n’allait pas le forcer.

" Toi, te reposer, se serais une première... "

Elle ne put s’empêcher de lancer cette phrase.
Puis elle se redressa, en position assis. Elle sentait qu’elle ne tiendrait sûrement plus très longtemps éveillé, car jusque là, c’était ses nerfs qui l’avaient maintenu. Mais elle s’était un peu détendue et elle ressentait les premier signe de sa fatigue l‘envahir.

" Ne t’inquiète pas, je peux aller à bien d’autre endroit que chez toi, même si c’est toujours le premier auquel je pense... "

" Tu pars bientôt... Seras-tu encore là demain ? "

Et sans attendre de réponse, elle se rapprocha du visage de James, posant sa main gauche sur sa joue droite, pour déposer un baisser sur la joue gauche de celui-ci. Puis elle se recula, retirant sa main avec lenteur de la joue de son frère.

" Au cas où... "

Elle reposa ensuite sa tête sur l’épaule de son frère et ferma les yeux. Elle ne dormait pas encore, mais le poids de ses paupières étaient lourd. Elle voulait les rouvrir et continuer à discuter avec son frère... Il fallait qu’elle tienne encore, ne serais-ce qu’un moment...

" Toi, te reposer, se serais une première... "

James ne dit rien suite à cette phrase, mais il se maudissait intérieurement. Que lui prennait-il, à présent ? Il ne disait plus la vérité à sa soeur, il se méfiait d'elle ? Leurs histoires commençaient vraiment à l'exaspérer. Et pourtant, ils n'avaient pas le choix. James le savait, et cela le révoltait encore plus. Il aurait voulu revenir en ailleurs, tout recommencer, retrouver la vie joyeuse qu'ils avaient, lorsqu'ils étaient jeunes, inconscients et encore innocents. L'innocence... Ce temps-là n'avait pas duré longtemps dans la famille Tiwold.

Se reposer... Bien sûr, oui, il allait se reposer dans une maison éloignée de Kanst. Bien sûr. Il secoua la tête et se frotta les tempes encore une fois. Il se faisait honte, à ne rien dire à sa soeur, à lui mentir. Il commençait déjà à se traiter de tous les noms, de lâche, d'imbécile, d'indigne. Il se demandait aussi comment réagirait sa petite soeur si elle apprenait que lui non plus n'était pas toujours très clair et que les reproches qu'il faisait à son père pouvait tout aussi bien lui convenir à lui. Son père... Toute une histoire. Qu'Amy ne comprennait pas toujours, et il y avait d'ailleurs de quoi se prendre la tête.

" Ne t’inquiète pas, je peux aller à bien d’autre endroit que chez toi, même si c’est toujours le premier auquel je pense... Tu pars bientôt... Seras-tu encore là demain ? "

Le jeune homme ferma les yeux et réfléchit un peu. Il n'en savait rien. Tout était incertain avec lui, et il ne savait même pas quoi répondre à sa petite soeur. Seulement voilà, il fallait jouer le jeu et faire comme si de rien n'était, comme s'il était simplement fatigué, comme s'il était réellement en guerre avec son père.

"Je ne sais pas, mais si tu as besoin de moi demain, je peux rester encore. Juste que je ne serais pas là éternellement..."

James ne bougea pas lorsque sa soeur s'apprcha de lui et colla une bise sur la joue. Il l'apprécia, bien sûr, mais s'en voulut encore plus. Il se mordit la lèvre inférieur et avala difficilement. Non, il ne fallait rien dire. Elle ne comprendrait pas, et elle ne tiendrait pas le coup. Elle s'emporterait, se mettrait en colère et risquerait bien de partir. A tout jamais. Mais il n'avait pas besoin de s'affoler pour ça. Pour l'instant, Amanda était certaine que son frère était encore en colère contre son père, qu'ils ne se parlaient pas. Il valait mieux pour elle comme pour lui qu'elle ne sache rien de leurs petites affaires. Du moins, pour le moment. Elle s'en rendrait bien compte, un jour. Et ce jour-là... Ils verront.

"Je suis encore là, p'tite soeur... Là, et rien que pour toi..."

*Pour le moment... Imbécile !*


[Au passage, merci pour l'édit ! =)]

[De rien.]

Les derniers mots de son frère la firent frémire, que pouvait-il manigancer ? Elle n’aimait vraiment pas ça...
Que voulait-il dire par " je ne serais pas là éternellement... ". Allait-il régler une affaire à haut risque ? Elle ne préférait pas y penser, mais cela lui tourna dans la tête. Elle n’appréciait pas du tout le pressentiment qu’il en ressortait.

Que pouvait-elle y faire ? Il a sa propre vie, elle ne pourrait rien y changer. Mais cela ne l’empêcha pas de s’inquiéter plus qu’elle ne le devrait. Ou peut-être pas, son inquiétude était peut-être fondée, qui pouvait savoir, à part lui...
Mais elle ne lui demanderait rien, même si ce n’était pas l’envie qui lui manquait. Elle respecterait le silence sur ses affaires.

Elle était restée ainsi, dans la même position; la tête reposant sur l’épaule de son frère et les yeux fermés; un bon moment sans avoir élever la voix. Elle ne savait pas si elle devait lui répondre ou non. Puis, après quelques minutes qui furent assez silencieux, elle finit par dire.

" Tu peux partir dès maintenant, aussi loin et aussi longtemps que tu le veux ou que tu le dois... "

Elle eut un autre moment de silence, ou elle sera la manche de son frère entre ses doigts avant d’ajouter:

" Temps que tu revins, ça me suffira... "

Part la suite, elle se relava de l’épaule de son frère et lâcha la manche de sa chemise. Elle le regarda droit dans les yeux, et elle lui sourit, un sourire faible, mais qui lui permettait de voiler ses pensées...

Elle ne devait plus penser à tout ça, elle avait, elle aussi des affaires à régler et ce devrait être celle-ci qui peuple son esprit et non d’autre.
Elle allait même jusqu’à se demander si ce n’était pas la fatigue qui faisait réagir ses pensées de cette manière...

Pendant les quelques minutes silencieuses qui passèrent entre les deux frère et soeur, qui parurent d'ailleurs d'une longueur insoutenable au jeune homme, James fermait les yeux et se mordait la lèvre inférieur. Il se retenait de peu de se lever et d'aller se jeter contre le mur la tête la première. Il se dégoûtait lui-même et se demandait même s'il arriverait un jour à se pardonner.

Il mentait à sa soeur, celle qu'il aimait et qui avait en lui une confiance absolue. Elle n'avait même pas cherché à savoir pourquoi il s'absenterait. Il la remercia d'ailleurs intérieurement, mais cette pensée fut suivie d'une autre haineuse à son propre égard. On aurait presque dit un dédoublement de la personnalité.

James sentit alors à un moment la main de sa soeur serrer sa manche. Son regard fuya le corps de sa soeur, comme s'il était indigne ne serait ce que de la regarder. Et c'était d'ailleurs à peu près comme ça qu'il se qualifiait lui-même : indigne, égoïste, hypocrite et profiteur. S'il avait expliqué tout ça à sa soeur, elle ne l'aurait certainement pas compris.

Elle n'arriverait pas à comprendre, parce qu'elle ne le voudrait pas. Et il la comprennait affreusement bien. Lui-même ne voulait pas s'avouer la vérité, qu'il avait manipulé sa soeur, avec l'aide de son père. Quelle famille... Ils promettaient, ils promettaient toujours, mais ils n'étaient que des bons-à-rien tout juste capables de salir le nom de leur famille... Oui, des imbéciles.

*Bien sûr que je reviendrai... Je ne partirai même pas. Quel abruti je suis...*

Il se demandait même comment sa soeur faisait pour ne pas voir qu'il lui mentait. Pour ne pas voir que toutes ces histoires n'étaient qu'une infime partie d'une gigantesque toile qui finirait bien par s'écrouler un jour où l'autre. La vie à Kanst avait bien changé.

La petite ville tranquille et sans problèmes n'était plus, du moins, elle ne l'était qu'en apparence. Les touristes naïfs croyaient sur parole les responsables qui leur promettaient des vacances tranquilles et calmes... Ils étaient servis. James se frotta les tempes et regarda sa soeur. Elle était encore tellement inconsciente... Les apparences sont bien trompeuses.

"Je rentrerai quand il sera temps... Quand je penserai qu'il est temps. Pendant ce temps, promets-moi de faire attention à toi... et de ne pas obéir à papa comme un chien."

Il adressa un petit sourire à sa soeur, ainsi qu'un clin d'oeil pour la taquiner. Il devait avoir l'air normal. Il devait avoir l'air d'un grand frère qui s'inquiète de sa petite soeur, et qui n'a rien à cacher.

Il savait qu'un jour, il devrait tout avouer à sa soeur. Et ce jour-là, il le redoutait depuis longtemps. Depuis presque 21 ans. Ce rôle qu'il avait à jouer, ce masque qu'il avait à mettre, il les haïssait plus que tout, et pourtant il n'avait pas d'autre choix.

Elle ne laissait rien paraître de ses inquiétudes ou de ses doutes à l‘égard de son frère, mais elle ne pouvait sans débarrasser aussi facilement. Car même si cela ne se voyait pas, elle savait qu’il y avait quelque chose qu’il lui cachait, quelque chose de louche...
Elle espérait simplement, que même s’il ne lui en parlait pas pour le moment, il le ferait un jour ou l‘autre...

Puis il lui dit qu’il rentrerait, bien sûr qu’il rentrerait, il ne pouvait pas partir pour toujours, du moins l’espérait-elle.

Lui promettre de faire attention à elle, cela allait être dur surtout en vu de ce qu’elle avait l’intention d’entreprendre d’ici quelques jours, le temps que sa blessure s’apaise davantage. Mais elle resterait sur ses gardes, il n‘y avait aucun doute là dessus.

Et en ce qui concernait leur père, elle ne travaillerait pas pour lui pendant un certain temps, juste le temps nécessaire de finir sa petite affaire personnelle. Et puis même si elle travaille pour son père, elle ne le fait pas comme un chien, c’était quoi ces insinuations.

" Je ne lui ai jamais obéi comme un chien... "

Dit-elle assez fermement sans pourtant être dur, son sourire s‘étant effacé de son visage.

" Quant à te promettre de faire attention... J’essayerai, mais je ne te garantis rien. "

" Maintenant que tout a été dit, je vais pouvoir dormir... "

Ce n’était pas qu’elle voulait abréger la conversation, mais elle se sentait vraiment de plus en plus lasse.
Il était tard, elle était épuisée par les événements d‘une journée plus que chargée... Mais elle avait réussi à tenir jusque là sans dévoiler beaucoup de sa fatigue. Elle ne tiendrait sûrement plus très longtemps, il fallait désormais, qu’elle repose son corps, ainsi que son esprit.

Evidemment qu'elle ne lui avait jamais obéi comme un chien. James le savait très bien, c'était une des conditions qu'il avait fixé avec son père. Mais il avait son rôle à jouer, son masque à garder. Il devait faire semblant, faire comme si. Comme s'il faisait vraiment la guerre à son père, comme s'il ne connaissait pas les affaires de sa soeur.

Il gardait le regard perdu droit devant lui, les yeux fixés sur un point imaginaire, comme s'il était perdu dans ses pensées. Mais au contraire, il était bien conscient et s'insultait intérieurement. Il se faisait honte, et pensait que jamais il ne pourrait se pardonner ce qu'il faisait à présent. Mais il ne pouvait pas faire demi-tour, c'était trop tard. C'était une trop longue histoire pour arrêter.

" Maintenant que tout a été dit, je vais pouvoir dormir... "

Le jeune Tiwold secoua sa tête et se frotta les yeux. Il regarda sa soeur, lui sourit et se leva. Il s'étira un peu et soupira.

"Oui, bien sûr, pardon. Reste ici autant de temps que tu veux. Laisse-moi un mot si tu pars quand je ne suis pas là."

Il lui adressa un clin d'oeil et retourna dans le coin qui devait être la cuisine. Il se prépara un mini-dîner et se rendit dans sa chambre, où il se laissa tomber sur son lit.

*Bon-à-rien. Débile. Hypocrite.*

Il n’y avait aucun problème, elle n’allait jamais partir en douce, sans prévenir son frère. Il est vrai, qu’elle aurait put le faire cher toute autre personne comme ça lui était déjà arrivé, mais pas cher lui.

Puis quand il se leva, elle le suivit du regard, jusqu’à ce qu’il disparaisse de sa vision. Et quand elle voulut s’allonger pour dormir, elle remarqua, qu’elle aurait bien voulu une couverture pour dormir. Il faisait peut-être bon cher James, mais on était quand même en hiver et une couverture était toujours la bienvenue en cette saison et pour passer une bonne nuit de sommeil.

C’est pour cela qu’elle se leva, et que de son pas chancelant, se dirigea vers la porte de la chambre de son frère. Là, elle toqua une fois et sans attendre de réponse venant de l’autre côté de la porte, elle lui demanda.

" Serait-il possible d’avoir une couverture, si ce n’est pas trop demander ? "

Après avoir dit ces quelques mots, elle s’appuya, dos au mur, attendant une réponse de l’autre côté de cette séparation murale. Puis, dans son attente, elle éleva de nouveau la voix.

" Pourrais-je te poser une question ? "

Un court silence suivit cette phrase, ils étaient chacun d’un côté du mur, mais elle continua.

" Que ferais-tu si tout devais s’arrêter un jour ? "

Sa question n’était pas vraiment très claire, mais elle la posa quand même, sans préciser davantage sa pensée sur le sujet.

James s'était allongé et n'avait pas touché au mini-repas qu'il s'était préparé. Il gardait les yeux ouverts, encore fixés dans le vide, sur le plafond au-dessus de lui. C'est presque comme s'il avait tellement honte de lui qu'il ne s'autorisait pas à bouger, qu'il voulait s'obligeait à rester ainsi jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus. Il aurait bien voulu, d'ailleurs. Cela lui aurait évité de s'en vouloir à tout jamais.

C'est alors qu'il entendit la voix de sa soeur l'interpellait de l'autre côté du mur de sa chambre. Une couverture, oui, bien sûr. Il se leva et se dirigea vers une petite pièce qui collait sa chambre. Il y entra et ressortit quelques instants plus tard, une couverture à la main. Il allait ouvrir la porte de sa chambre - il avait déjà la main droite sur la poignée - lorsqu'il entendit encore sa soeur. Il n'ouvrit pas immédiatement la porte et attendit la question d'Amanda.

Lorsque celle-ci l'eut posée, il resta silencieux et immobile. A vrai dire, il réfléchissait. Ou plutôt, il cherchait ce que voulait dire sa soeur et comment bien lui répondre. Si tout devait s'arrêter ? Mais rien ne s'arrêterait. Ils étaient allés trop loin, beaucoup trop loin, beaucoup plus loin que ne le pensait sa petite soeur pour que cela puisse s'arrêter un jour.

Le jeune Tiwold avala difficilement et ouvrit la porte de sa chambre. Il sortit de la pièce et passa un bras sur les épaules de sa soeur, en l'emmenant vers le canapé. Il n'avait toujours pas parlé et n'avait pas regardé sa soeur dans les yeux. Il hésitait encore, mais pas à lui dire la vérité.

Pendant qu'ils marchaient, James tourna la tête et regarda le visage sans défaut de sa soeur. Il se demandait toujours comment il arrivait à lui faire ça, à lui mentir comme ça, à lui mentir depuis si longtemps.

"Rien ne s'arrêtera, Amy. J'y ai pensé, j'en ai rêvé, mais j'y ai aussi bien réfléchi. Ça ne s'arrêtera pas."

Habile manière pour ne pas répondre à la question plutôt curieuse de sa petite soeur. Elle serait peut-être étonnée de la réponse de son frère, mais ce n'était rien face à la réaction qu'elle aurait lorsqu'elle apprendrait toute l'histoire.

"Allez, repose-toi maintenant, tu dois être épuisée."

Avec des gestes doux et sûrs, James fit s'allonger sa soeur et posa la couverture sur son corps svelte et gracieux. Il la borda calmement et posa un léger bisou sur le front de sa soeur en se relevant. Il lui adressa un petit sourire fraternel et soupira.

*Allez, allez, joue le grand frère modèle...*

[La suite dans: Les mains dans les poches]

Son frère ouvrit la porte et la conduisit dans le silence de la pièce jusqu’au canapé sur lequel elle allait passer la nuit. Il n’avait toujours pas répondu à sa question, mais attendait-elle réellement une réponse à cette interrogation ? Elle ne le savait pas elle-même.

Mais cette question, quelle que soit la situation ou le problème qui se posait à elle, revenait régulièrement dans son esprit. Alors que chaque événement qu’elle pouvait vivre était différent et n’avait souvent pas de rapport entre eux...

Puis il finit par répondre, mais d’une manière bien vague, ce qui était assez normale vu la question.

" C’est bien ce que je pensais... "

Elle s’allongea, et laissa son frère la bordait. Elle n’avait pas été bordée depuis bien longtemps, elle était trop grande et vivait seule à présent. Alors, cette attention la gêna un peu, mais elle ne dit rien et se laissa faire. Appréciant cet instant comme elle l’avait apprécié par le passé.

Oui, elle était fatigué et ce serait inutile de forcer davantage pour rester encore éveillé.
Alors, avant de partir dans un sommeil qui ne pourrait être que réparateur, elle ajouta les quelques mots familiers de ce moment.

" Merci... Et bonne nuit... "

Elle regarda une dernière fois James lui rendant un sourire qui paraissait rempli de mélancolique, avant de se positionner plus confortablement et de fermer les yeux, pour laisser le sommeil venir à elle.
Espérant ainsi qu’il arrive vite et que le lendemain s’annonce sous de meilleurs augure.

[La suite dans: A la recherche d'un sale rongeur...]