[Les rues et ruelles] Avancer sans savoir.

Il s'arrêta sur le trotoir devant le café. Quelques personnes passèrent devant lui, sans qu'il y prête réelle attention. Il rajusta encore un fois son chapeau, ce dernier ne cessant de cacher son regard, inexpressif alors.
Puis, d'un pas lent mais sûr, il commença à avancer sur le trotoir. Il ne savait où il allait, il souhaitait trouver une chambre, voir un peu d'alcool. Une ville américaine sans bar clandestin, n'était pas une ville américaine.
Il avançait, se fondant dans la masse de peu de gens qui avançait comme lui, à l'exception que eux savaient où ils allaient. Il avait sa petite malette à la main, et jettait de temps à autres un regard sur celle-ci. Il semblait comme les autres, un simple flic n'aurait pas fait attention. Mais les fédéraux si.
Son pas était lent afin de prévoir le moindre risque à l'avance. Il jettait des regards à intervalle régulier dans son dos, comme si de rien n'était. Son autre main, n'était pas si loin de son colt et il avait déjà examiné toutes les personnes se trouvant directement à ses côtés.
Il continuait d'avancer, sous se faible soleil qui entamait déjà se descente vers l'osbcurité certaine.

Il fallait qu'il trouve une chambre, un hotel.

Roger avait pas mal marché depuis sa rencontre avec la fille Tiwold. Il avait ressenti le besoin de se glacer les idées dans le vent hivernal. Il avançait lentement, laissant trois traces régulières derrière lui, dans la neige.

Son manteau avait une légère odeur de parfum de femme : il fallait qu'il le nettoie au plus vite, pour éviter les questions du paternel.
Et après tout non. Il lui dirait qu'il l'avait prêté à une femme qui avait froid. Et ce serait vrai.

Un homme arrivait en face de lui. Sans avoir l'air perdu, il semblait marcher un peu au hasard des rues. Il avait l'air banal. Il avait l'air tellement banal que c'en était louche. Il était trop passe-partout pour être honnête.

Les yeux de Roger descendirent jusqu'à la mallette que l'homme portait. Le type la regardait souvent. Non, vraiment, il n'était pas clair celui-là...

Mais qu'en avait à faire Roger? Rien du tout. L'homme pouvait avoir tout ce qu'il voulait dans sa mallette, même une bombe, Roger n'irait pas vérifier... Ce n'était pas son travail, c'était celui des flics.

Roger allait donc croiser le type et poursuivre son chemin. Seulement, cette mallette le titillerait et il devrait sans doute marcher toute la journée pour l'oublier.

Il marchait toujours à la même allure, analysant le moindre geste autour de lui. Il ne vit pas l'homme qui avançait en sens inverse et un coup d'épaule fit tomber la malette sur le sol. La neige atténua la chute, et un léger bruit sourd se fit entendre.
Lucius releva le regard sur l'homme qu'il venait de heurter par hasard. Son regard toujours cachait par l'ombre de son chapeau, il dévisagea l'homme un bref instant avant de se pencher pour ramasser la malette.
En la reprenant il constata qu'elle s'était légèrement ouverte. Et des dossiers avaient glissé. Plusieurs photos étaient légèrement sorties. On y voyaient plusieurs personnes, plusieurs lieux. Sur une d'elle était inscrit "Tiwold" et l'on distinguait un début de visage sur une autre on voyait le visage de l'homme et le début d'un mot " Cal...". A ce moment, il ne savait pas que c'était un des fils de l'homme sur cette dernière photo qu'il avait bousculé. Il y avait d'autres photos, d'autres personnes. Il rangea tout cela d'un coup de main.
Il se releva après avoir refermé la malette et écarta sa main d'où était rangé son arme. Il espérait que l'homme n'est rien vu des photos.
Lui n'avait pas fait expres de heurter l'homme, mais peut-être n'était-ce pas réciproque. Il releva à nouveau sa tête vers celui-ci et d'une voix grave mais neutre lança :

- Pardon, je ne vous avais pas vu.

Il jetta un regard autour de lui, avant de reprendre sa marche, comme si rien ne s'était passé.

Roger avait bien vu dépasser ces bouts de dossiers de la mallette, puisque c'était cette dernière qui l'intriguait depuis tout à l'heure.
Ainsi, l'homme s'intéressait aux Caldes et aux Tiwold? Il n'était sans doute pas le premier, ni le dernier. C'était peut-être un flic. Ou un assassin.

Roger, cependant, fit comme s'il n'avait rien vu. Pas d'action inconsidérée. Il inclina la tête en signe d'acceptation des excuses de l'homme et poursuivit lui-même son chemin.

Il fallait qu'il pense à rapporter cette mésaventure à son père, pour que ce dernier soit sur ses gardes. On ne savait jamais ce que cet homme voulait aux Caldes ou au Tiwold. Mais voir un homme qui semble chercher à passer inaperçu transporter les photos d'un chef de gang, cela n'indiquait rien de bon.

Mais adresser la parole à cet homme n'était pas non plus une solution.

[La suite dans: Promenade hivernal...]

Il poursuivit son chemin, son regard se portant un peu plus haut cherchant une enseigne d'hotel ou quelque chose dans le genre. Il jetta un dernier coup d'oeil dans son dos, en direction de l'homme.

Il aurait du être plus attentif, une erreur comme celle-ci n'était permise. Il aurait tué l'homme s'il le lieu lui en avait été permis, il était certain qu'il avait trop vu. Mais il changea d'avis et continua sa route.

Il écarta ces pensées pour le moment et se remit à la recherche d'un hotel.

[La suite dans: Besoin de repos]

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